Chez certains adultes, il est courant de
considérer qu’il existerait de « bonnes fessées », par opposition donc
à de « mauvaises fessées » (comme il y a les « bons » et
les « mauvais chasseurs » dans la célèbre vidéo des Inconnus)
– reste alors à placer la frontière entre ce que serait une « bonne »
et une « mauvaise » fessée. Doit-on se référer à l’intensité des
coups, à l’instrument utilisé pour son administration, aux circonstances… ?
Il est important de rappeler qu’aujourd’hui, en France, deux enfants
mourront suite aux mauvais traitements de leurs parents – des bébés, pour
beaucoup, dont les parents ne supportent plus les pleurs et qui sont secoués
avec une extrême brutalité. On estime à plusieurs dizaines de milliers le
nombre d’enfants en danger en France (difficile d’avoir des statistiques
précises). Il n’est donc pas question d’aborder ces sujets avec légèreté.
Une « petite fessée » peut-elle être qualifiée de traitement cruel, dégradant ou humiliant ou même de violence corporelle ? Beaucoup d'adultes refusent de considérer comme violente une fessée qu'ils considèrent comme "éducatives".
En réalité, ce sujet ne se prête pas à une interprétation idéologique personnelle, puisqu'en toute objectivité les neurosciences répondent pour nous : oui, n’importe quelle fessée, « petite » ou
« grande », est à considérer comme mauvaise, néfaste et violente en ceci qu'elle occasionne des séquelles observables sur le cerveau et
bloque sa maturation.
Des
centaines d’études réalisées partout dans le monde (en Amérique du nord pour
l’essentiel), des milliers d’observations sur des milliers de cas menées par
des docteurs en biologie, spécialistes du cerveau, médecins, chercheurs
exerçant dans des universités réputées, sur des laps de temps suffisamment
importants pour que nous ayons le recul nécessaire à tirer des conclusions
scientifiques définitives et à établir des théories fiables, vont rigoureusement
toutes dans le même sens : les mauvais traitements, « petits »
ou « grands », physiques ou verbaux, occasionnent des perturbations
dans le développement cognitif et
affectif de l’enfant.
Extrait du livre Autorité et bienveillance.