Education positive - Y a-t-il de bonnes et de mauvaises fessées comme il existerait de bons et de mauvais chasseurs dans la vidéo des Inconnus?

Chez certains adultes, il est courant de considérer qu’il existerait de « bonnes fessées », par opposition donc à de « mauvaises fessées » (comme il y a les « bons » et les « mauvais chasseurs » dans la célèbre vidéo des Inconnus) – reste alors à placer la frontière entre ce que serait une « bonne » et une « mauvaise » fessée. Doit-on se référer à l’intensité des coups, à l’instrument utilisé pour son administration, aux circonstances… ?
   Il est important de rappeler qu’aujourd’hui, en France, deux enfants mourront suite aux mauvais traitements de leurs parents – des bébés, pour beaucoup, dont les parents ne supportent plus les pleurs et qui sont secoués avec une extrême brutalité. On estime à plusieurs dizaines de milliers le nombre d’enfants en danger en France (difficile d’avoir des statistiques précises). Il n’est donc pas question d’aborder ces sujets avec légèreté.
   Une « petite fessée » peut-elle être qualifiée de traitement cruel, dégradant ou humiliant ou même de violence corporelle ? Beaucoup d'adultes refusent de considérer comme violente une fessée qu'ils considèrent comme "éducatives".

En réalité, ce sujet ne se prête pas à une interprétation idéologique personnelle, puisqu'en toute objectivité les neurosciences répondent pour nous : oui, n’importe quelle fessée, « petite » ou « grande », est à considérer comme mauvaise, néfaste et violente en ceci qu'elle occasionne des séquelles observables sur le cerveau et bloque sa maturation.
Des centaines d’études réalisées partout dans le monde (en Amérique du nord pour l’essentiel), des milliers d’observations sur des milliers de cas menées par des docteurs en biologie, spécialistes du cerveau, médecins, chercheurs exerçant dans des universités réputées, sur des laps de temps suffisamment importants pour que nous ayons le recul nécessaire à tirer des conclusions scientifiques définitives et à établir des théories fiables, vont rigoureusement toutes dans le même sens : les mauvais traitements, « petits » ou « grands », physiques ou verbaux, occasionnent des perturbations dans le développement cognitif et affectif de l’enfant.




Extrait du livre Autorité et bienveillance.

Education bienveillante / éducation positive: le serpent de la punition

LaboPhilo, Julien Lavenu, serpent de la punition



D'après le livre Autorité et bienveillance, Julien Lavenu, LaboPhilo.

Education positive - Le serpent de la punition qui se mord la queue

Pour simplifier à l’extrême, on pourrait comparer la punition à un serpent qui se mord la queue : l’éducateur punit un enfant qui se comporte de façon inappropriée => la punition bloque le développement des zones du cerveau qui permettent à l’enfant de se comporter de façon appropriée => l’enfant se comporte de façon encore plus inappropriée => l’éducateur punit davantage l’enfant. Et ainsi de suite.


Plus la punition est grande, brutale et inexpliquée, plus le serpent grossit.

Autorité et bienveillance éducative, la punition

Extrait du livre Autorité et bienveillance, Julien Lavenu, LaboPhilo.

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L'éducation bienveillante et la question de l'autorité

LaboPhilo engage une action de sensibilisation des professionnels de l'enfance et des parents autour de la question de la bienveillance dans l'exercice de l'autorité éducative.

Parce que les enjeux fondamentaux pour le bien-être des mineurs, leur développement affectif et cognitif, que recouvre la notion d'autorité bienveillante doivent être portés à la connaissance des éducateurs, des animateurs et des parents, LaboPhilo propose un programme de communication sous différents axes:

- La publication d'un livre,
- La mise à disposition d'outils en téléchargement gratuit,
- Des sessions de formation à l'attention des professionnels de l'enfance,
- Des ateliers parentalité de sensibilisation,
- La mise en place d'une Charte de l'autorité bienveillante à l'attention des établissements d'accueil de mineurs.

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bienveillance éducative, éducation positive, éducation bienveillante

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Vers une définition de l'éducateur bienveillant: 2. La pyramide des interventions - un outil d'éducation positive

Un outil d'éducation positive: la pyramide des interventions


Cette pyramide rend visuellement compte du champ des interventions possibles qui se rétrécit progressivement à mesure que la situation se désagrège dans la gestion  du groupe : plus on s’élève, moins d’options s’offrent à l’éducateur, et donc plus la situation se referme.


Zone 1 : interventions non verbales.
Cette première zone, à la base de la pyramide, représente tout un panel d’interventions peu contraignantes et donc utilisables facilement et fréquemment. Ces interventions de désapprobation sont exprimées de façon non verbale :
- mimiques faciales : rictus de la bouche, sourcils froncés, regard insistant…
- manifestations gestuelles non bruyantes : doigt tendu, doigt sur la bouche, main levée…,
 - expressions orales : « Chut ! », « Tss ! Tss ! » (à éviter : les « eh » et les « oh »)…,
- manifestations gestuelles bruyantes : petit coup sur la table avec le doigt, clap avec les mains (à proscrire : les sifflements, les claquements de doigts, à réserver aux animaux domestiques)…
Ces interventions, adaptées aux âges du public (les gros yeux, pour un petit de 3 ans par exemple, peuvent être très traumatisants) sont en quelque sorte des « frappes chirurgicales », elles sont ciblées : elles s’adressent à un enfant perturbateur bien particulier et permettent de ne pas rompre le cours général d’une activité et sa fluidité. Elles doivent être fermes et remarquées. Il s’agit pour l’animateur de se montrer, de montrer qu’il n’est pas dupe de ce qui se passe et qu’il garde les yeux ouverts.
Deux erreurs à éviter absolument :
- Faire comme si on ne voyait pas qu’un enfant commence à perturber le groupe (et s’imaginer que les choses vont se solutionner d’elles-mêmes).
- Ne pas s’assurer que le perturbateur a remarqué le rappel à l’ordre de l’animateur (un contact visuel appuyé fait l’affaire).

Zone 2 : avertissements verbaux.
Dans cette deuxième zone, l’avertissement devient verbal. Ce n’est en rien une menace mais un rappel des règles énoncées en début d’activité et des conséquences possibles.
« Attention, si tu continues, que va-t-il se passer ? »
Dans un premier temps, on peut se contenter d’avertir à distance (toujours en vertu du principe de préserver au maximum la fluidité et de créer le moins de rupture possible dans le rythme de l’activité). Si cela ne suffit pas, dans un deuxième temps, on demandera au perturbateur de se déplacer jusqu’à soi, on le prendra à part pour lui demander de rappeler les règles.
Trois conseils :
- Eviter d’aller vers l’enfant dans ce genre de circonstances mais préférer le faire venir jusqu’à soi afin qu’il soit bien conscient que l’animateur contrôle la situation. Ne surtout jamais l’agripper pour le faire venir, il doit venir de lui-même, sans contact physique.
- Ne pas prendre l’enfant par surprise et le sanctionner sans l’avoir d’abord prévenu.
- Ne pas faire de cet événement un spectacle pour le reste du groupe qui serait soit humiliant pour le perturbateur, soit, au contraire, un moyen pour lui de faire rire les copains.

Zone 3 : mise en application des conséquences annoncées.
L’étau se resserre, le perturbateur a été prévenu, et la sanction est désormais inévitable : conséquence logique, application des sanctions prévues en amont lors du rappel des règles, retrait pour une durée déterminée suivie, le soir, d’une discussion bienveillante…
Ces interventions sont plus pénibles et donc ne peuvent être multipliées à longueur de temps (à la différence des interventions du bas de la pyramide ; plus on s’élève, plus le champ se restreint), elles risquent de briser la relation bienveillante entre l’enfant et l’animateur.
Il est parfaitement possible que le recours aux sanctions prévues dans cette zone soit nécessaire. Mais l’animateur prendra garde à n’y recourir qu’après être passé par les Zones 1 et 2 de la pyramide d’interventions. A moins, cas exceptionnels, que la gravité d’une situation l’exige : une bagarre peut soudainement éclater entre deux individus que l’on n’aurait pas vu venir (il ne serait plus cohérent à ce moment, de recourir à des interventions de Zone 1). En général, il y a toujours des signes avant-coureurs qui peuvent prévenir l’animateur qu’une situation va dégénérer. D’où l’importance du rappel que nous venons de faire : ne pas faire comme si on ne voyait pas, être toujours attentif et sur le qui-vive.
Un animateur qui recourt régulièrement à cette zone doit s’interroger sur la pertinence de son autorité.

Zone 4 : mesures exceptionnelles.
Le sommet de la pyramide est consacré aux interventions rarissimes et concertées : rapport à la hiérarchie, convocation des parents, expulsion du centre du jeune perturbateur,  etc.
Ce recours est parfois nécessaire mais il doit être accompagné – par le ou les supérieurs hiérarchiques : coordinateur, responsable de secteur, directeur ALSH... Il s’agit d’une décision non unilatérale, qui ne relève pas de la seule responsabilité de l’animateur. Dans le meilleur des cas, cette décision ultime doit s’inscrire dans un programme éducatif mobilisant l’ensemble des acteurs concernés. Dans tous les cas, un animateur ne doit jamais rester seul face à ce type de situations très compliquées, et doit réagir bien en amont.

A proscrire : la menace délirante.
La Zone 4 est la zone des mesures exceptionnelles, pas celle des mesures délirantes, elle doit être annoncée dans les cas où elle est absolument indispensable, dans les conditions que nous venons de voir.
On entendra par menace délirante celle de recourir à l’application de mesures disproportionnées le plus souvent irréalisables.
Quelques cas d’école de menaces délirantes déjà entendues :
- appeler la police,
- abandonner l’enfant quelque part : dans le cinéma, seul devant son assiette à la cantine…,
- abandonner l’enfant à une personne inconnue : au chauffeur de bus, à la dame du guichet du musée…,
- enfermer quelque part,
- attacher sur la chaise,
- scotcher la bouche,
- laisser seul le petit dans le dortoir,
- ne pas changer un petit qui a fait pipi sur lui…

Recourir à la Zone 4 sous forme de menace délirante est à proscrire absolument, au moins pour quatre raisons :
- Elle n’aura aucune prise sur les individus qui posent généralement problèmes aux éducateurs. Ces éléments réputés « à problèmes » sont habitués à être menacés, disputés, punis de façon disproportionnée, malmenés, maltraités, etc. L’éducateur n’arrivera à rien par la menace de sanctions délirantes qui ne les impressionnent plus depuis longtemps – qu’on se souvienne du cas Pascal Mondain dans Les Choristes.
- La menace ne restant qu’une menace donc, par définition, non suivie d’effet, elle jouera le rôle de renforçateur des comportements non désirés au lieu d’être dissuasive – je perturbe le groupe => on me menace => cette menace n’aboutit jamais => ça m’amuse => je continue à perturber le groupe (voir les contingences de renforcement).
- La menace individuelle ou collective sera traumatisante pour des enfants très jeunes et/ou qui sortent rarement du cadre – des enfants hypersensibles, timides... Elle sera dans ces cas à considérer comme pleinement maltraitante.
- La menace ne restant qu’une menace fait perdre toute crédibilité à l’éducateur.




(Extrait du livre Autorité et bienveillance, Julien Lavenu, LaboPhilo)



Vers une définition de l'éducateur bienveillant: 1. La Courbe de l'attitude dégradée - un outil d'éducation positive

Un outil d'éducation positive: la courbe de l'attitude dégradée


Un recadrage a toutes les chances d’être efficace s’il intervient à la base de la courbe, c’est-à-dire immédiatement (entre le Point 0 et le Point A). Plus on tarde, plus la situation se dégrade, plus la courbe est difficile à redresser et donc plus l’intervention risque d’être lourde et laborieuse.
Le Point 0 représente l’attitude idéale réclamée aux enfants : ils sont calmes, attentifs, détendus, participatifs, il n’y a ni tension ni perturbation. Ils ont intégré les règles et les respectent. L’idéal est de maintenir le groupe sur cette ligne droite durant toute l’activité. C’est rarement le cas, bien sûr. Un certain nombre d’événements interviennent toujours au cours de l’animation qui viennent rompre cet équilibre, soit de l’intérieur du groupe (une tension s’installe entre deux individus, un enfant n’est pas motivé et déconcentre ses copains…), soit de l’extérieur (un bruit, une personne qui passe…). La concentration qui s’amenuise peu à peu, la fatigue qui s’installe, la faim peut-être aussi, sont autant d’éléments qui rendent compliqués le maintient en ligne droite de l’attitude attendue sur un lapse de temps long.
Les Points A, B et C, symbolisent différentes perturbations et leur évolution dans le temps. Cela peut être progressif ou très rapide selon les cas.
  
Le groupe des 4-5 ans est assis et écoute les consignes d’un jeu. Tout se passe bien, tout le monde est attentif (Point 0). Maël sort un élastique de sa poche et commence à jouer avec, il n’écoute plus (Point A). L’animateur n’a pas remarqué, en tout cas ne dit rien. Pourtant le petit jeu de l’élastique commence à intéresser les copains. On le regarde avec attention. Maël est très fier d’agiter son élastique devant tout le monde : ce petit objet anodin est une façon de se démarquer des autres et de narguer l’autorité de l’animateur. Omar et Lucie, plus téméraires que les autres, voudraient jouer eux aussi avec l’élastique et essaient de subtiliser l’objet des mains de Maël qui, évidemment, ne se laisse pas faire. Ça s’agite et le groupe des trois copains déjà n’écoute plus (Point B). Décidément l’animateur est très distrait, ou alors il a mal organisé l’installation de son groupe (il ne voit pas tout le monde). Toujours est-il qu’il laisse faire. A présent, ça y est : Maël, Lucie et Omar sont rejoints par deux autres individus qui font valoir leurs droits à jouer avec l’élastique. Lucie arrache l’élastique des mains de Maël et les deux commencent à se disputer, d’abord discrètement, puis de plus en plus bruyamment et ils en viennent aux mains : Omar repousse Lucie, Khadija, la meilleure copine de Lucie prend sa défense. Plus aucun enfant n’est attentif à ce que dit l’animateur : une moitié du groupe se chamaille, l’autre regarde, commente, prend partie… L’agitation est très grande, une bagarre éclate entre Khadija et Omar, Lucie est bousculée et se cogne. Elle pleure. Bref, la situation s’est dégradée (Point C), tout le groupe en est affecté.

Préserver la fluidité.
Au fur et à mesure que la situation se dégrade, la fluidité de l’activité se détériore et la nécessité d’une rupture s’impose – par des interventions de plus en plus appuyées, contraignantes et longues. L’objectif de l’éducateur bienveillant est de maintenir le maximum de fluidité possible dans le déroulement de l’activité et d’éviter toute brisure de rythme préjudiciable à l’humeur du groupe. Autant qu’il est possible, l’attention des individus doit être focalisée sur les enjeux de l’activité et le plaisir d’y participer, non sur la discipline et sur tout ce qui vient la contrarier. Le maintient de l’attitude du groupe sur une courbe oscillant entre le Point 0 et le Point A a pour objectif de préserver cet état d’esprit positif fluide.

Point A : stade d’oscillation modérée.
Les micro-perturbations qui viennent gâter l’attention du groupe restent tolérables et peuvent être contrôlées sans recours à des mesures coercitives lourdes qui viendraient rompre le déroulement de l’activité. La fluidité est préservée.
A ce stade, une simple intervention gestuelle non verbale, type sourcils froncés, doigt tendu, ou petit coup sonore sur la table est encore possible pour maintenir le groupe dans l’attitude souhaitée. Dans notre exemple, il suffit de faire signe à Maël de remettre l’élastique dans sa poche – inutile de parler pour cela, le mime fera l’affaire.

Point B : stade de situation hypodégradée.
Les perturbations sont trop lourdes et ne permettent plus à l’activité de se dérouler dans de bonnes conditions. Il est nécessaire d’intervenir de façon ostensible, et de créer une rupture de courte ou moyenne durée.
Une intervention formulée verbalement est nécessaire, avec rappel des règles et annonce de potentielles conséquences : soit de manière nominative (à l’adresse d’un élément perturbateur identifié), soit groupale (à l’adresse d’un cercle de perturbateurs). Dans notre exemple, on demande à Maël d’apporter l’élastique et on lui explique pourquoi on doit le confisquer pour une durée déterminée. On demande à Lucie et Omar de se calmer et de rester à leur place.

Point C : stade de situation dégradée.
La situation s’est fortement détériorée et nécessite une rupture nette de moyenne à longue durée. Un Reset est nécessaire à l’adresse du groupe dans sa globalité. Il prendra un certain temps, détournera l’attention du public des vrais enjeux de l’activité et créera un grand trouble sur l’humeur générale.
Dans notre exemple, il faudra déterminer qui a bousculé Lucie et pourquoi. Un sentiment d’injustice s’installera certainement dans le groupe : « Omar a été sanctionné mais c’est Lucie qui a commencé ! », « Lucie n’a rien du tout, elle pleure pour faire la maligne ! », « Khadija n’avait pas à s’en mêler, c’est elle la coupable ! », « Maël n’avait pas le droit de jouer avec son élastique, il fait toujours des bêtises et on ne lui dit jamais rien parce que c’est le chouchou ! C’est lui qui aurait dû être puni ! » Etc.
De son côté, l’animateur se sera pas à l’abri de perdre son calme lui aussi devant tant d’agitation. Il aura le sentiment de ne plus avoir le contrôle, sentira son autorité bafouée, ce qui pourra le conduire à recourir à des sanctions disproportionnées, peut-être même partiales ; la situation n’en sera que pire. La réinitialisation d’un climat apaisé sera difficile.

Notons que les interventions précoces ont toutes les chances d’être bienveillantes. Dans notre premier exemple, Amélie ne se fatigue pas à gérer des situations gâtées par le temps, très énergivores. Dans la mesure où elle intervient toujours sur la courbe d’oscillation entre les Points 0 et A, elle est sereine et détendue, ce qui facilite l’exercice d’une autorité bienveillante. Elle n’est pas énervée donc peu encline à crier ou à infliger des punitions exagérées. Elle l’est d’autant moins que les enfants la connaissent et savent qu’il ne sert à rien de la tester : elle les reprendra toujours. Sa douceur avec eux les encourage d’ailleurs à être gentils avec elle en retour et à vouloir préserver cette relation affective bénéfique pour eux (=> production d’ocytocine dans le cerveau + effet miroir).

Quelques astuces très simples peuvent permettre de prendre sans attendre le contrôle d’un groupe dans la douceur :
- Installation dans le chahut du groupe dans la salle d’activité : faire ressortir tout le monde et recommencer dans le calme – « Pour l’entrée dans la salle, je suis sûr qu’on peut faire mieux ! Allez, on va recommencer ! »
- Inattention de quelques individus : faire remarquer sa présence avec humour – « Bonjour, je suis là ! Tu ne m’avais pas vu ? Tu es très distrait, dis donc ! Comment vas-tu aujourd’hui ? »
- Bavardages annexes : réclamer l’attention – « Eh bien, vous en avez des choses à raconter aujourd’hui ! Ça tombe bien, j’adore qu’on me raconte des histoires ! Mais vous voulez bien qu’on en discute après ? »
- Bâillements : si quelqu’un bâille bruyamment sans mettre la main devant sa bouche, on peut le lui faire remarquer et lui demander de faire attention pour la prochaine fois – « Eh bien dis donc tu es fatigué ce matin ! Tu as le droit de bâiller, c’est naturel, mais est-ce que tu penses que tu arriveras à être discret la prochaine fois ? »
Quelques remarques non blessantes, faites avec humour, sur des manifestations sans gravité donnent le ton d’une animation et vont signifier aux enfants que l’animateur a les choses en mains et qu’il fixe la barre haut dans l’attitude qu’il attend du groupe.
C’est sur ce genre de détails que le groupe saura s’il peut déborder ou non. S’il sent d’emblée la maîtrise de l’animateur, il y a peu de chance pour qu’il se risque à aller très loin. Il faudra alors que l’animateur soit constant et cohérent, et qu’il tienne compte de la durée et de la difficulté de son intervention – rappelons que le maintient au Point 0 sera compliqué sur un laps de temps long lors d’activités calmes qui demandent beaucoup de concentration ; de la même façon lors de jeux sportifs où les esprits risquent de finir par s’échauffer.


(Julien Lavenu, extrait du livre Autorité et bienveillance, LaboPhilo)



Y a-t-il de bonnes et de mauvaises fessées? Les neurosciences apportent des réponses aux violences éducatives ordinaires

Chez certains adultes, il est courant de considérer qu’il existerait de « bonnes fessées », par opposition donc à de « mauvaises fessées » (comme il y a les « bons » et les « mauvais chasseurs » dans la célèbre vidéo des Inconnus[1]) – reste alors à placer la frontière entre ce que serait une « bonne » et une « mauvaise » fessée. Doit-on se référer à l’intensité des coups, à l’instrument utilisé pour son administration, aux circonstances… ?
Il est important de rappeler qu’aujourd’hui, en France, deux enfants mourront suite aux mauvais traitements de leurs parents – des bébés, pour beaucoup, dont les parents ne supportent plus les pleurs et qui sont secoués avec une extrême brutalité. On estime à plusieurs dizaines de milliers le nombre d’enfants en danger en France (difficile d’avoir des statistiques précises). Il n’est donc pas question d’aborder ces sujets avec légèreté.
Notons que la Suède, qui a fait passer une loi contre les violences corporelles sur les mineurs en 1979, a fait chuter les chiffres de la mortalité infantile due aux maltraitances parentales pour les réduire à une quasi nullité. Au moment où elle a été proposée, 70% des Suédois étaient opposés à cette loi. Ils sont aujourd’hui 92% à l’approuver.

En France, il était question de modifier l’article 371-1 et d’y ajouter la partie en italique :
« L'autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l'intérêt de l'enfant. Elle appartient aux parents jusqu'à la majorité ou l'émancipation de l'enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne, et à l’exclusion de tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux violences corporelles. »
Le Conseil constitutionnel a censuré cette modification, pourtant adoptée par le Parlement en décembre 2016, estimant qu’elle n’avait pas sa place dans cette loi. Elle n’a donc pas été ajoutée. On peut le regretter car elle avait le mérite de mettre un peu de corps dans cette succession d’abstractions sujettes à toutes les interprétations possibles, avec les conséquences que l’on vient de rappeler.

Chacun d’entre nous peut s’interroger sur ce que ces termes impliquent pour soi. Qu’entend-on par « traitement cruel, dégradant ou humiliant » et par « violences corporelles » ? Une fois de plus, il est probable que tout le monde ne soit pas d’accord sur l’étendue du terrain sémantique que ces mots recouvrent. Une « petite fessée » peut-elle être qualifiée de traitement cruel, dégradant ou humiliant ou même de violence corporelle ?
Si nous sommes dans le doute, les neurosciences répondront pour nous : oui, dans la mesure où n’importe quelle fessée, « petite » ou « grande », occasionne des séquelles observables sur le cerveau et bloque sa maturation[2].
Des centaines d’études réalisées partout dans le monde (en Amérique du nord pour l’essentiel), des milliers d’observations sur des milliers de cas menées par des docteurs en biologie, spécialistes du cerveau, médecins, chercheurs exerçant dans des universités réputées, sur des laps de temps suffisamment importants pour que nous ayons le recul nécessaire à tirer des conclusions scientifiques définitives et à établir des théories fiables, vont rigoureusement toutes dans le même sens : les mauvais traitements, « petits » ou « grands », physiques ou verbaux, occasionnent des perturbations dans le développement cognitif[3] et affectif de l’enfant.
Les études menées sur 2461 enfants par Catherine Taylor, chercheur en santé publique à l’université de Tulane aux États-Unis, établissent le lien entre la punition corporelle de type « fessée » et de graves troubles comportementaux chez les enfants de 3 à 5 ans :
- violence envers les autres enfants,
- destruction d’objets,
- provocation,
- menaces,
- hurlements…
Un enfant qui a subi des châtiments corporels dans son enfance, conclut Catherine Taylor, a plus de risques de développer un type de comportement violent et antisocial à l’âge adulte qu’un enfant qui a reçu une éducation sans violence.

D’autres études, menées par Tracie O. Afifi, épidémiologiste à l’université du Manitoba (Winnipeg, Canada), sur 34653 adultes, révèlent les conséquences néfastes possibles[4] d’une éducation violente sur la psychologie des adultes qui en ont été les victimes :
- anxiété,
- toxicomanie (dépendance à l’alcool et aux drogues…),
- dépression,
- problèmes de jeu,
- idées suicidaires,
- troubles de la personnalité.




[1] La Télé des Inconnus, 1991.
[2] Pour aller plus loin, je vous renvoie à la lecture du livre du Dr Catherine Gueguen, Pour une enfance heureuse : Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau, chez Pocket ; et à celle de l’ouvrage d’Olivier Maurel, La Fessée : Questions sur la violence éducative, publié chez La Plage.
[3] Relatif aux apprentissages.
[4] Attention : ces conséquences ne sont pas automatiques, heureusement. Il s’agit de tendances observées. On estime que ces risques sont augmentés de 7% chez les adultes qui ont été victimes de violence (fessées, gifles) lorsqu’ils étaient enfants. L’inverse est vrai aussi : un adulte alcoolique n’a pas nécessairement été victime de mauvais traitements, d’autres facteurs sont à considérer, notamment des facteurs génétiques.


(Extrait du livre Autorité et bienveillance, Julien Lavenu, LaboPhilo)

Autorité et bienveillance éducative

Charte de l'autorité bienveillante à l'usage des établissements éducatifs qui accueillent des mineurs

Voici une affiche à télécharger et à afficher sur les murs de votre établissement. Elle informera les parents de l'attention particulière que l'équipe éducative accorde à la question de la bienveillance dans l'exercice de son autorité.

La structure peut  y apposer son logo en bas à gauche et proposer à son personnel de se sensibiliser aux outils et méthodes de l'autorité bienveillante.


Parents, n'hésitez pas à télécharger cette affiche et à la porter à la connaissance de l'établissement éducatif que fréquente votre enfant (centre de loisirs, association sportive ou culturelle) afin de sensibiliser les animateurs et éducateurs à la question de la bienveillance.

Agissons tous ensemble dans l'intérêt de nos enfants!


Pour télécharger l'image en PDF, cliquez ici.

Conférence du Dr Catherine GUEGUEN - Pour une enfance heureuse


Education positive et autorité

LaboPhilo engage une action de sensibilisation des professionnels de l'enfance et des parents autour de la question de la bienveillance dans l'exercice de l'autorité éducative.

Parce que les enjeux fondamentaux pour le bien-être des mineurs, leur développement affectif et cognitif, que recouvre la notion d'autorité bienveillante doivent être portés à la connaissance des éducateurs, des animateurs et des parents, LaboPhilo propose un programme de communication sous différents axes:

- La publication d'un livre,
- La mise à disposition d'outils en téléchargement gratuit,
- Des sessions de formation à l'attention des professionnels de l'enfance,
- Des ateliers parentalité de sensibilisation,
- La mise en place d'une Charte de l'autorité bienveillante à l'attention des établissements d'accueil de mineurs.

Pour en savoir plus, cliquez ici

Labophilo, éducation bienveillante, éducation positive
éducation bienveillante, éducation positive

La Violence Éducative Ordinaire (VEO)

La VEO (violence éducative ordinaire) se définit comme la violence (physique, psychologique ou verbale) faite de manière banalisée à des fins éducatives envers les enfants.

Plusieurs sites internet lui sont consacrés, dont :

Les articles qu’ils communiquent sont éloquents et permettent d’avoir une vision plus large sur l’importance de ce sujet qu’il est indispensable de maîtriser lorsqu’on est chargé, d’une façon ou d’une autre, de l’éducation d’enfants.

Ces associations militent également pour une meilleure protection de l’enfance au regard de la loi française et une reconnaissance du statut de l’enfant – il existe, en effet, des lois qui interdisent la violence physique et verbale contre les adultes mais pas contre les enfants.

Il est primordial que ces associations parlent au nom des enfants et que cette parole soit relayée par les éducateurs. Pour rappel, étymologiquement, le mot « enfant » vient du latin « infans » que l’on traduit par « celui qui ne parle pas ». De fait, l’enfant est encore trop peu entendu.



Les mots qui font mal est un film produit par l'Observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO) et Stop VEO - enfance sans violence.

Pour télécharger le dossier de presse, cliquez ici.

L'adhésion à Stop VEO et OVEO est possible à partir de 5 euros.

Publication du livre Autorité et bienveillance aux éditions LaboPhilo

Julien Lavenu Labophilo formation d'animateurs
Pour commander, cliquer sur la couverture
Le projet de ce livre est de donner aux animateurs et aux éducateurs une pédagogie pratique de l’autorité bienveillante et des outils concrets facilement exploitables, qui ont fait leurs preuves, au regard des dernières découvertes des neurosciences affectives et cognitives sur le développement du cerveau et de la psychologie. Les parents soucieux de se faire obéir sans brimer leurs enfants y trouveront également des réponses.

La bienveillance ne peut plus être ignorée des professionnels qui exercent auprès de mineurs. Sa pratique maîtrisée est un support indispensable non seulement au bien-être de l’enfant, à son épanouissement, à son émancipation, à sa construction mentale mais également à l’efficience d’une autorité saine.

Ce livre est disponible en version papier et numérique.

Pour plus d'informations et le téléchargement gratuit d'outils pédagogiques, visitez le site du LaboPhilo: www.labophilo.fr